Parmi les richesses naturelles que renferme le département du Centre, une se distingue par sa beauté et l’attraction qu’il exerce sur les visiteurs : le Bassin Zim. Véritable joyau de la nature par ses cascades et ses grottes, ce site entouré de légendes constitue cependant une richesse inexploitée sur le plan touristique. Voyage au cœur d’un patrimoine naturel en péril.
Le Bassin Zim est situé à 8 km de la ville de Hinche, chef-lieu du département du Centre appelé aussi Plateau Central. Entre autres richesses, il renferme des grottes et de chutes d’eau.
Sur place, on découvre le charme et la beauté de ce cadre enchanteur situé en plein cœur d’une terre sèche. Telle une oasis dans un désert, l’eau, dans un bleu éclatant, pétille dans les quatre bassins du Bassin Zim. En effet, les quatre réceptacles formant le Bassin Zim portent chacun un nom : Arc-en-ciel, Puits, Candélabre et le Bassin Zim, proprement dit. Ce dernier, le plus grand des quatre bassins, est alimenté par l’eau d’une cascade qui se déverse d’une hauteur de quelque 20 mètres. Le Bassin Zim est aussi constitué d’une série de grottes et de roches silicatées. L'intérieur des grottes est recouvert de pictogrammes qui remonteraient à la période des Indiens, les premiers habitants de l’île. Trésors et légendes Outre son cadre verdoyant et reposant, le Bassin Zim attire aussi les amateurs de légendes et d’ésotérisme. Ces derniers trouvent au site un côté mystique en raison notamment de certaines histoires et légendes qui l’entourent. Ainsi, le site offrirait des bienfaits aux âmes pures. Il regorgerait de trésors cachés par les Indiens. De nombreux guides vivant au voisinage du site, dont Jean-Claude Alcide et Wesner Joseph, témoignent que « la zone est hautement mystique et que beaucoup de gens auraient trouvé fortune ou guérison après avoir été en contact avec les esprits du Bassin ». Tous ces mythes nourrissent l’imaginaire et augmentent l’intérêt porté à Bassin Zim. Cependant, le sociologue haïtien Stephen Jean Hilaire fait revenir les rêveurs à la réalité. «Devant tout cela, les touristes seront stupéfaits de constater que cette eau à haut débit n’est pas captée pour fournir de l’électricité à Hinche et à la communauté de Bassin Zim. Ils s’étonneront aussi que les esprits et l’Etat, gardiens des trésors et du site, n’aient pas daigné permettre la création d’écoles gratuites pour les fils des paysans et utiliser cette eau pour arroser les plantations afin de fertiliser les parcelles dédiées à l’agriculture», semble-t-il regretter. Un site touristique non exploité De l’avis de plusieurs visiteurs et opérateurs économiques de Hinche, « l’endroit est naturellement un site touristique extraordinaire ». Le même constat est dressé par Jean Lavaud, un touriste en provenance de Port-au-Prince, et en quête de dépaysement. Celui-ci affirme, visiblement ému :« en venant ici, je me rends compte que le pays renferme des merveilles et des milieux enchanteurs ». Malheureusement, Jean Lavaud dit « regretter le fait de ne pas pouvoir emmener des amis et connaissances en raison de l’état de la route qui peut dissuader plus d’un ». « C’est un panorama merveilleux. Il faut des routes, des routes et des routes », s’était aussi exclamé le nonce apostolique en Haïti, Monseigneur Bernardito Auza, lors d’une visite au Bassin Zim, au début du mois de janvier 2009. En effet, on accède difficilement au Bassin Zim, en empruntant une route en terre battue à la sortie nord-est de Hinche. Et entre autres difficultés rencontrées par les visiteurs figurent les mornes escarpés, les problèmes d’érosion, les nids de poule et les crevasses. Des résidents de Hinche qui ont déjà évalué le potentiel touristique de Bassin Zim ont entrepris des initiatives pour pouvoir recevoir les éventuels touristes. Frantz Pitton, propriétaire de Maguana Hôtel, indique que l’hôtel qu’il dirige contribue déjà à la mise en place des structures nécessaires à Hinche pour accueillir les touristes. « Je n’attends pas que l’Etat nous procure le strict nécessaire », a-t-il précisé. Plus près du bassin, à quelque 25 minutes du site, malgré le mauvais état de la route, un religieux a mis aussi en place, au centre de Catéchèse Emmaüs, l’infrastructure nécessaire à l’accueil de touristes. Son auberge offre une vingtaine de chambres avec connexion Internet sans fil. Le Centre offre, parallèlement, des maisonnettes pouvant aussi accueillir jusqu’à 350 personnes. Toutefois, de l’avis de beaucoup d’observateurs, pour mettre à profit tout le potentiel de Bassin Zim, l’intervention de l’Etat est indispensable. « L’action de l’Etat doit viser surtout la réhabilitation ou la construction de la route menant à Bassin Zim », souligne Jean Céreste, propriétaire du Super marché Eben Ezer de Hinche. Abondant dans le même sens, le prêtre en charge du Centre Emmaüs a fait remarquer que « si l’Etat nous construit les 8 km de route qui séparent Hinche du Bassin Zim, cela contribuera grandement au développement de la zone ». Le Bassin Zim, au fil des ans, s’est surtout fait une réputation de bouche à oreille. Il a été popularisé par une photo qui a illustré un annuaire de la TELECO, la compagnie nationale de télécommunication, à la fin des années 80. Ce site encore à l’état sauvage, s’il est valorisé, peut contribuer à offrir davantage de confort aux visiteurs, stimuler la vie économique de la zone et surtout contribuer au mieux être des populations locales. |
0 commentaires:
Publier un commentaire